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Les clichés ont la peau dure : le traducteur travaille en solitaire... Certes, il fut un temps où la traduction était un emploi très solitaire, et c'est probablement vrai aujourd'hui encore pour celles et ceux, trop nombreux, qui font le choix de travailler seul(e)s en s'enfermant chez eux et restent réfractaires à une mise en réseau des compétences, des expériences, des ressources…
Pour autant cette profession n’est plus uniquement individuelle, elle est aussi sociale, puisque de fait le traducteur de métier n'est jamais véritablement isolé mais plus ou moins bien intégré au sein de différents réseaux : professionnels (collègues et clients), commerciaux (où il prospecte selon ses langues et ses spécialités), sociaux (places de marché et médias du Web), d'amis et de relations, etc.
Car en posant comme hypothèse qu'il exerce en profession libérale, et donc qu'il a vocation à s’exprimer via de multiples supports de communication à travers un logo, une identité visuelle, généralement accompagnés d’une signature de marque dont le sens est d’expliciter un positionnement, une vision, une mission, une valeur, en 2016 le traducteur ne peut plus éviter de fréquenter les réseaux sociaux.
Ne serait-ce que parce que cette dimension sociale est désormais indispensable à tous les aspects professionnels du métier : chacun/e devant impérativement faire du networking pour se former, s’informer, se mettre à jour, s’entraider, demander conseil, travailler en mode croisé – traducteur + relecteur –, voire organiser des équipes sur les projets complexes, trouver les bonnes ressources, techniques ou terminologiques, échanger des dictionnaires, de la documentation de référence, ou, surtout, pour celles et ceux qui vivent à l’étranger, rester en contact avec leur langue et les implications socioculturelles qu’elle véhicule…
Et plus encore, parce que les communautés d'internautes connectés entre eux regroupent des gens qui partagent des intérêts identiques ou connexes, ont des affinités culturelles (et linguistiques, dans le cas des traducteurs), donc s'intégrer aux réseaux pertinents permet d'élargir son horizon, de se faire connaître (et si possible apprécier) en communiquant son expertise (le "comment" en réponse au "pourquoi") pour accroître sa notoriété professionnelle.
Je vois déjà venir la principale objection à l'usage des médias sociaux : il s'agit d'une activité inutile ou superficielle, une perte de temps, et donc d'argent.
En fait, tout dépend comment on envisage les choses : gagner en visibilité (et, de là, en crédibilité, voire en réputation), est un investissement lourd, mais qui assure généralement un retour sur investissement proportionnel aux efforts consentis. De nombreux acteurs économiques paient des fortunes pour s'assurer un minimum de visibilité, ce qui signifie que la visibilité est un actif important. Par conséquent bâtir sa propre visibilité en participant et en payant de sa personne plutôt qu'en espèces sonnantes et trébuchantes, revient à investir dans son avenir professionnel : le définiriez-vous une perte ou un gain de temps et d'argent ?
Le premier pas consiste à apprivoiser les réseaux sociaux.
- Qu'est-ce que signifie apprivoiser ?
- Cela signifie « créer des liens... »
Saint-Exupéry écrivait cela en 1943 !
Oui, créer des liens sur les réseaux sociaux, qui ne demandent qu'à être apprivoisés, se fait essentiellement via la PARTICIPATION !
Cela exige naturellement la mise en place d'une stratégie en aval (où et comment participer), et d'une traçabilité en amont (quels sont les résultats de ma participation), autant d'activités plutôt chronophages, outre le fait de participer en lui-même, qui représentent un investissement, en temps et en énergies, à défaut de l'être en argent.
De même que l'on peut réseauter en ligne et/ou hors ligne, puisque l'un n'exclut pas l'autre ! Il s'agit là d'opportunités complémentaires. La différence entre fréquenter une place de marché virtuelle et un salon professionnel en live ne tient qu'au lieu, la vitrine change mais pas la substance : rencontrer collègues, concurrents et clients potentiels, sonder l'air du temps pour mieux appréhender les tendances et saisir quelles sont les pistes à suivre, en bref faire du networking à 360° dans un cas comme dans l'autre, tout cela conjugué signifie revendiquer à terme une visibilité propice aux affaires.
Du reste, si l'on n'est pas visible sur Internet, autant dire qu'on en est absent : pas de visibilité = pas de présence. L'équation se résume à ça.
Par ailleurs, de tout temps, le propre du traducteur n'est-il pas de communiquer ? Or le palimptexte permanent qu'est le Web lui offre aujourd'hui le summum des possibilités communicatives, où chaque message et chaque info qui circulent peuvent passer de main en main et être pris ou laissés, traités, modifiés, élaborés, réélaborés, mixés, remixés, diffusés, repris, rediffusés, etc., à l'infini. Où chacun/e y met son grain de sel, à son gré et sa discrétion, dans l'instant ou en différé, selon son humeur.
Et où la traduction devrait inscrire son propre cycle communicationnel dans ce bouillonnement créatif sans précédent, où l'on part du monde, et on arrive au mot !
P.S. Ce billet est une réélaboration d'un précédent, écrit en novembre 2014 sur un autre site, qui faisait la synthèse de deux billets datant de 2008, mais n'est plus visible sur Internet, j'ignore pourquoi…
C'est dommage, car la dimension sociale de ce site me plaisait bien.
Liens connexes :
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- L'Internet aujourd'hui : de l'hypertexte au palimptexte
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