mardi 28 février 2012

La traduction automatique : déploiement en entreprise

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[Ce billet est l'adaptation actualisée d'un "Knol" écrit en août 2008, vu que Google abandonnera ce service à partir du 1er mai 2012.]

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Pour toute entreprise, le choix de déployer un service interne de traduction doit résulter d’une évaluation attentive et chiffrée des pour et des contre. En clair, il s’agit de répondre aux questions suivantes :

A. mes besoins récurrents en traduction justifient-ils la création d’un service dédié ?
B. combien me coûte l’externalisation à 100% du service ?
C. combien me coûterait l’internalisation à 100% de ce même service ?
D. quel serait l'avantage d'étudier un mix externalisation / internalisation, et dans quelles proportions ?

Traditionnellement, que ce soit en TA ou en TAO, l’internalisation d’un service de traduction est une démarche lourde, que justifient uniquement des besoins importants, soit de par la quantité des documents à traduire, soit de par la quantité et/ou difficulté des paires linguistiques requises. La pérennité de la ou des solutions de traduction adoptées est également cruciale.

Donc outre les nécessités connexes liées à des questions de confidentialité, de stratégie, de structure de l’entreprise, de l'intégration à un service de veille, etc., ce n’est que lorsque l'entreprise répond par l’affirmative au point A qu’il vaut la peine d’étudier les 2 points suivants, l'exigence d’une internalisation n’étant justifiée que lorsque le différentiel B - C produit un résultat significatif.

Toutefois, les entreprises évoluant en B2B ou B2C sur des secteurs fortement concurrentiels qui souhaiteraient avoir accès à un système interne de TA ou TAO, sont freinées par un double problème : l’identification des ressources nécessaires et la complexité de leur mise en œuvre, d’où un « ticket d’entrée » relativement élevé.

En outre, entre les deux pôles externalisation/internalisation, il y a également la possibilité de mixer différentes solutions, tout est question de dosage, chaque entreprise étant un cas particulier. Impossible de généraliser en la matière. C'est là la réponse à donner à la question D.

Or le premier obstacle des décideurs, c’est qu’ils sont rarement capables d’évaluer eux-mêmes leurs véritables besoins. Car indépendamment de la solution à retenir, la traduction/localisation reste un processus impossible à mettre en œuvre si l’on ne sait par où débuter. D’où l'impératif de commencer par auditer l’écosystème traductionnel existant – ou pas –, chose que seul un professionnel expérimenté est en mesure d’établir, pour prodiguer ses conseils aux entreprises qui veulent y voir plus clair dans la gamme des solutions possibles, dont nous mentionnerons brièvement :
  1. le recours aux traducteurs indépendants ou le recrutement de traducteurs internes ;
  2. le recours aux cabinets de traduction ou la création d’une cellule interne ;
  3. l’adoption d’une solution de TA, de TAO, de dictée, etc.
Le point 1. est peu souhaitable pour le traitement de gros volumes, vu les problèmes soulevés d’homogénéité linguistique et de coordination des équipes (internalisées ou externalisées), auquel cas le point 2. est mieux adapté.
Mais le point 2. pose la question du contrôle sur la qualité finale : plus vous déléguez à un bureau de traduction, moins vous maîtrisez le processus. Et inversement.

Autres questions : faut-il intégrer le paramètre "sécurité et confidentialité" des contenus à traduire ? Quelle est la fréquence des traductions et quels doivent être les temps de réaction aux besoins ? L’urgence et la réactivité sont souvent des facteurs clés : imaginez une entreprise devant répondre à un appel d’offres dans des délais généralement très courts, contrainte de rédiger d’abord dans sa langue la documentation à soumissionner, puis de la traduire…

Le dimensionnement d’une cellule dédiée, ou d’un service plus étoffé, dépend donc des critères ci-dessus, des volumes à traiter, des domaines, des langues concernées, etc.

La TA est plus adaptée à des domaines circonscrits, où la terminologie est déjà relativement fixée, pour des solutions professionnelles et des paires linguistiques éprouvées. La phase de post-édition dépend ensuite du niveau de qualité souhaitée.

Dans la TAO, plus flexible, l’édition se fait au fur et à mesure, mais la qualité est fortement interdépendante de celle des mémoires de traduction pré-existantes. Les mémoires sont les volets « capitalisation du savoir » de l’entreprise et « réexploitation rapide et efficace » des connaissances accumulées au fil du temps, si l’on veut éviter de devoir « réinventer l’eau chaude à chaque fois ».
  • Dans la TAO, la constitution initiale des mémoires est un processus crucial, dont va dépendre la qualité du travail à suivre…
  • Idem dans la TA, pour la création des corpus terminologiques bilingues et multilingues qui vont servir de base au moteur de traduction automatique.
  • Idem encore pour la constitution des glossaires « maison », où l’utilisation d’outils d’extraction terminologique tels que Similis facilite grandement le travail.
Or dans ces trois cas, bien que les outils apportent rapidité et productivité, le niveau d’automatisation a ses limites, ce qu’on appelle l’effet Mozart dans l’industrie GILT), selon la métaphore de Rory Cowan, PDG de Lionbridge, actuellement n° 1 de la localisation dans le monde :
Si, en 1790, il fallait cinq musiciens pour interpréter un quintette de Mozart durant tant de minutes, aujourd'hui, en dépit des progrès techniques considérables qui ont été accomplis depuis, rien n'a changé : il faut toujours autant de musiciens jouant pendant autant de temps pour restituer la même œuvre !
Une belle métaphore sur l'incompressibilité de certains délais d'exécution, qui souligne implicitement l’incapacité de la technologie à répondre à tout sans intervention humaine, y compris au plan de la productivité.

Pour donner un exemple, Translation 2.0 est capable d'exploiter une base terminologique multilingue unique au monde, fruit de plus de 25 ans de « capitalisation du savoir » :
  • 4 Téraoctets de données
  • Des milliards de termes contenus dans +10 millions de fichiers
  • +300 millions de mots clés indexés
  • la possibilité de créer des bi-textes à la volée, etc.
Pour comprendre l’importance d’une telle ressource, il suffit de comparer avec la base terminologique d’EADS : 600 000 entrées.

Donc pour chaque entreprise disposant de son propre patrimoine terminologique et linguistique, l’enjeu consiste à organiser et optimiser cette base, souvent hétérogène et partiellement déstructurée, en s'appuyant d’abord sur des briques logicielles et des Web services existants pour la partie moteur/indexation, afin d’exploiter ce gigantesque corpus linguistique, de le classifier/hiérarchiser, puis d’en extraire un « modèle structurel » adaptable et déployable en interne, qui ajoute au noyau initial, constitué des données « maison » de celle-ci, d'autres données terminologiques pertinentes – secteurs et langues – identifiées d’un commun accord avec les responsables des services concernés.

Car non seulement les mots d’une entreprise font partie de son patrimoine, mais ils peuvent aussi devenir l’un de ses actifs immatériels, et in fine un avantage concurrentiel précieux…

Une approche parfaitement compatible avec le déploiement de fonctionnalités « Web 2.0 », dont la logique communautaire et participative est particulièrement adaptée à ces besoins. D’ailleurs, plus que de base terminologique, il convient de parler d’environnement modulable de traduction, multisecteur, multilingue, multiformat, multisource, etc.

Autant de facteurs que le service interne doit aider à expliciter, afin de mettre en place une véritable politique linguistique et de communication multilingue. Car les commerciaux ne doivent jamais oublier que tout document produit par l’entreprise est une vitrine de celle-ci, et plus encore lorsque ces documents passent les frontières : géographiques, linguistiques, culturelles.

Quant à être tentés d’utiliser des systèmes automatiques "cost free" tels qu’il en existe beaucoup sur Internet, disons que ça passe tout juste si vous souhaitez avoir un aperçu de certains événements, savoir en gros de quoi parle une lettre ou un article, etc., mais si vous deviez participer à un appel d’offres crucial pour l’avenir de votre entreprise, en confieriez-vous les destinées à une solution de ce genre ?

Non ! N’est-ce pas ? Vous venez d’appliquer une autre règle d’or de la prise de décision : la destination des traductions est un critère déterminant pour le choix des outils.

Donc indépendamment du point précis du process où se trouve votre entreprise, sachez que vous avez toujours un choix à faire, celui de la meilleure option : externaliser ? internaliser ? en tout ou en partie ? tirer profit des gains de productivité de la TA ? de la TAO ? de la dictée ? d’un système hybride ? d’outils gratuits ? payants ? etc.

Même si, au final, la décision d’internaliser ou non un service de traduction se résume à un compromis à plusieurs niveaux, entre, d’une part, vos exigences en termes de coûts, de délais et de qualité, et, de l’autre, les ressources à mettre en œuvre – humaines, matérielles et logicielles – pour satisfaire ces mêmes exigences en dimensionnant votre service au plus juste.

Mais les ressources potentielles mises à disposition par Google et, last but not least, Microsoft, entre autres, autorisent maintenant à faire des pas de géants dans le déploiement en entreprise de plateformes de traduction automatique.

Le tout est de savoir par où commencer, raison pour laquelle faire appel à un consultant (ou un "consulente") capable de guider vos choix en matière de TA peut bien s'avérer la première bonne décision à prendre !

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