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Faisant suite à la publication de mon précédent billet sur la transition université - marché du travail, j'ai été contacté par l'ISIT que j'avais erronément dénommé Institut Supérieur d'Interprétation et de Traduction, mais qui est depuis l'année universitaire 2008-2009 "Intercultural School", une grande école de management et de communication interculturels tournée vers l'international.
J'ai saisi l'occasion de ce contact pour demander une interview et je suis honoré que ma demande ait été acceptée. Les réponses sont fournies par Mme Nathalie SCHWARTZ, de la Direction Relations Entreprises & Communication.
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Introduction
Lors de nos échanges préalables, vous m’avez expliqué que l’ISIT
est désormais une Grande École de management et de communication
interculturels, car son appellation première d’Institut Supérieur d’Interprétation
et Traduction ne correspondait plus que partiellement à votre offre actuelle, qui
se décline autour de trois pôles spécialisés :
►
Management-Communication-Traduction
►
Interprétation de conférence
►
Juridique
en partant du constat que seule une part minoritaire de vos
diplômés évoluait dans des fonctions pures de traducteurs ou interprètes,
tandis que la plupart s’orientait vers des domaines très variés (des achats aux
ressources humaines).
Pour répondre aux attentes de vos étudiants, vous avez donc
diversifié vos formations, toujours basées sur une expertise linguistique mais davantage
tournées vers le monde de l’entreprise avec la communication et le management.
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I. Selon votre présentation
institutionnelle, l’ISIT, créé l’année de la signature du traité de Rome en
1957, forme et prépare les étudiants aux exigences imposées par les enjeux d’un
marché du travail mondialisé : une maîtrise des langues accompagnée de
solides compétences en communication et en management. L’ISIT prépare les
managers, traducteurs et interprètes de demain à s’insérer dans un tissu
professionnel international, riche en échanges interculturels, et assure une
« insertion
professionnelle d’excellence », puisque selon l’enquête insertion
professionnelle CGE de mars 2015, « 90 %
des jeunes diplômés 2014 ont mis 2 mois pour trouver leur 1er emploi ».
Ce qui est effectivement remarquable, et doit susciter l’envie
de bien des universités formant traducteurs et interprètes, pour lesquelles l’insertion
post-diplôme et les liens avec l’univers professionnel restent trop souvent en-deçà
des attentes.
Donc ma première question coule de source :
1. Quels
sont les facteurs différenciants de l’ISIT qui vous permettent de vous
démarquer et d’offrir à un peu moins d’un millier d’étudiants un tel taux d’insertion
professionnelle ?
Une combinaison de plusieurs dispositifs
peut expliquer ce niveau d’insertion professionnelle :
·
L’ISIT est une
Grande Ecole très professionnalisante : les étudiants de la formation
Management-Communication-Traduction doivent réaliser un minimum de 13 mois de
stage sur 5 ans. Il est possible de suivre la 5e et dernière année en
apprentissage. Ces étudiants effectuent également des projets de groupe en
Master 2 pour le compte de commanditaires entreprises réels.
·
Une direction de
l’insertion professionnelle est chargée de préparer l’ensemble des étudiants
toutes formations confondues à la recherche de leur 1er
emploi : séminaires de méthodologie pour la construction du projet
professionnel, cycle de conférences avec des professionnels en activité, forum
annuel dédié à l’insertion professionnelle, tutorat insertion mené par des
jeunes diplômés.
·
Tous les étudiants
de Master 1 suivent un « parcours entreprendre » au cours du 1er
semestre de formation. Ceux qui ont un projet concret de création d’entreprise
poursuivent ce parcours au cours du 2e semestre et en Master 2.
* * *
II. Ainsi, en partant de cette enquête
2015 - « L’insertion des diplômés
des grandes écoles » - réalisée entre janvier et mars par 173 grandes
écoles membres de la Conférence des Grandes Écoles, il résulte que les principales
difficultés rencontrées par les diplômés en quête d’un emploi, sont les
suivantes :
- absence d’expérience professionnelle
- difficulté à trouver des offres d’emploi
- mise en valeur des compétences
- mobilité géographique
- salaire proposé jugé insuffisant
Un constat qui amène la deuxième question :
2.
Quelles sont les actions menées par l’ISIT durant le cursus des étudiants pour
les former à mettre en valeur leurs
compétences à la sortie de l’école ?
Voir réponse à la question 1….
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III. En tant qu’Institut sélectionné par la Commission
européenne, parmi une soixantaine d’établissements présents dans 21 États
membres, pour recevoir le label « Master
européen en traduction » (EMT) attribué aux meilleurs cours de niveau
master destinés aux traducteurs et interprètes, la Commission fixe les
objectifs suivants :
(1)
Favoriser et encourager un apprentissage et un
enseignement dynamiques…
(2)
Reconnaître, distinguer, puis s’adapter à l’évolution
de la formation des traducteurs qu’impliquent le développement du marché et le
progrès technologique.
(3)
Évaluer la qualité des programmes de formation
en traduction.
(4)
Collaborer avec les associations
professionnelles, les institutions et les entreprises de traduction…
(5)
Encourager un soutien mutuel entre les
différents membres du réseau EMT…
(6)
Suivre les avancées en matière d’innovation et
de recherche pédagogiques…
3. Pourriez-vous
tracer une brève analyse SWOT pour dégager points forts et points faibles de l’ISIT
par rapports auxdits objectifs ?
Forces
|
Faiblesses
|
Une pédagogie en constante évolution
Une pédagogie qui intègre les besoins du marché
Les entreprises intégrées au cœur de la vie de l’école
L’utilisation des dernières technologies
(streaming, visio, TAO, CMS)
|
La part toujours plus prépondérante de
l’anglais et la moindre reconnaissance
de la valeur ajoutée du multilinguisme
|
Opportunités
|
Menaces
|
Globalisation accrue des économies et des politiques
|
Réduction
des soutiens publics à l’enseignement supérieur
|
* * *
IV. Ce même document
stratégique de la Commission fait ressortir le volet
« Employabilité », qui concerne les aspects suivants, pour
rappel :
•
Mener une réflexion sur l’employabilité comme
moyen d’augmenter le prestige de la profession, et en termes de formation tout
au long de la vie.
•
Déterminer le profil du traducteur.
•
Mener des enquêtes appropriées et régulières
auprès des employeurs.
•
Prendre contact avec les employeurs et inviter
des professionnels à intervenir comme formateurs et à évaluer le travail des
étudiants au sein des programmes de traduction.
•
Encourager les stages et conclure des
conventions de formation avec l’industrie.
•
Surveiller l’évolution des compétences requises
dans la profession.
4.
Quelles sont les actions concrètes et les stratégies mises en œuvre par l’ISIT
pour répondre aux exigences susmentionnées ?
Cf réponses à la question 1…
* * *
V. L’alternance rencontre un succès grandissant dans l’enseignement
supérieur en France. C’est souvent un atout majeur pour dépasser la dichotomie
entre théorie et pratique, mais c’est aussi et surtout la possibilité de faire
financer des études par une entreprise.
5. Dans le cadre de son projet pédagogique, qui repose entre
autres sur l’accompagnement de chaque étudiant pour le préparer à son insertion
professionnelle future, ainsi que sur la professionnalisation du cursus avec
une filière en apprentissage et un an minimum de stages hors échanges avec des
universités partenaires, quel
est le positionnement de l’ISIT sur la formation en alternance ?
Cf réponse à la question 1 …
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VI. Au plan économique, fréquenter l’ISIT
représente un gros investissement (entre 7 et 8 000 € de frais d’inscription
annuels), soit plusieurs dizaines de milliers d’euros pour l’ensemble d’un
cursus normal. Une somme importante, donc, susceptible de représenter une
barrière à l’entrée pour nombre d’étudiants doués mais dont les familles n’ont
pas la disponibilité financière suffisante pour accompagner leurs enfants dans
cette voie.
6.
Est-ce que des bourses d’études ou d’autres formes de financement sont prévues
pour aider les étudiants moins fortunés ? Et quels seraient les axes d’amélioration
possibles dans ce sens ?
Des bourses ISIT, issues du
Fonds de solidarité, sont proposées chaque année aux étudiants. De plus, des
prêts bancaires à taux préférentiel ont été conclus avec deux banques
partenaires. Des entreprises partenaires de l’ISIT proposent également des
bourses aux étudiants. Une rubrique dédiée sur le site institutionnel de l’ISIT
recense l’ensemble des pistes de financement : http://www.isit-paris.fr/isit-ecole-management-communication/financer-sa-formation/
Pour le logement, des
partenariats sont en cours de finalisation avec deux résidences logement
situées à proximité du nouveau campus de l’ISIT, situé en proche périphérie sud
de Paris.
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VII. Sur la déclinaison internationale de
votre site, vous affirmez « ISIT
trains multilingual intercultural experts to join the global conversation »,
une proclamation qui n’est pas sans évoquer le premier point du Manifeste des évidences : « Les marchés sont des conversations ».
Or en 2016 cette « conversation globale » se
déroule en grande partie sur les réseaux
sociaux. Il est donc naturel que l’ISIT soit présent sur Facebook, sur Twitter ou autres, qui sont des canaux
privilégiés de contact avec vos étudiants d’hier, d’aujourd’hui et de demain,
ainsi qu’avec toutes les parties prenantes intéressées par vos activités.
Il faut toutefois mettre un bémol à cette « présence
sociale », puisque l’ISIT est dans le peloton de queue sur Twitter, avec
moins de 500 followers et moins de 14 tweets/mois en moyenne depuis votre
adhésion à la plateforme (vs. plus de 280 pour l’université de Nantes, première
des universités
françaises classées sur Twitter avec plus de 25 000 abonnés, ou bien
plus encore pour certaines grandes écoles), un positionnement qui ne reflète
pas l’importance de votre Institution.
7. Avez-vous
sous-estimé le potentiel social de Twitter (et Facebook), et comment
pensez-vous y remédier pour occuper le terrain à l’avenir ? Plus
généralement, souhaitez-vous déployer une stratégie précise sur les réseaux
sociaux en particulier, et sur le Web en général, en phase avec l’image d’excellence
véhiculée par votre École ?
Nous avons tout d’abord mené une
phase d’observation pour comprendre quelles cibles étaient sur Twitter, comment
interagir avec elles, quel contenu privilégier, et avons créé un compte Twitter
en janvier 2015.
Refonte de notre site en janvier 2015 : responsive et répondant mieux aux exigences du web tant en terme de référencement que de besoins pour l’utilisateur.
Amélioration continue de nos stratégies digitales pour être en phase avec nos cibles : mobile, interactivité, contenus vidéos… Déploiement prochain d’une stratégie de community management multilingue dédiée aux étudiants internationaux, dont les étudiants chinois.
Refonte de notre site en janvier 2015 : responsive et répondant mieux aux exigences du web tant en terme de référencement que de besoins pour l’utilisateur.
Amélioration continue de nos stratégies digitales pour être en phase avec nos cibles : mobile, interactivité, contenus vidéos… Déploiement prochain d’une stratégie de community management multilingue dédiée aux étudiants internationaux, dont les étudiants chinois.
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Conclusion
Il est bien sûr impossible de faire le tour des
problématiques posées par la transition université - marché du travail en
quelques questions, mais en sa qualité d’acteur majeur en France autant qu’à l’international,
l’ISIT joue un rôle de premier plan avec des taux d’insertion professionnelle
extrêmement flatteurs. Souhaitez-vous ajouter quelques mots sur certains
aspects qui ne sont pas abordés dans la présente interview mais qui vous tiennent
particulièrement à cœur ?
Je vous remercie vivement pour votre disponibilité.