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- Federico Pucci, inventeur du premier "traducteur mécanique" des temps modernes
- L'histoire de la "langue universelle" selon M. Federico Pucci
- La nouvelle approche de M. Federico Pucci, selon ses propres mots
- Du "traducteur mécanique" au "traducteur dynamo-mécanique" de M. Federico Pucci
- Les machines à traduire de M. Federico Pucci
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Septième partie - Federico Pucci, linguiste émérite, inventeur et précurseur de la traduction automatique
Sixième partie - Le traducteur [électro]-mécanique selon Federico Pucci
Cinquième partie - Exclusivité : Federico Pucci, inventeur du premier "traducteur mécanique" des temps modernes
Quatrième partie - Premier texte au monde sur la traduction automatique
Troisième partie (en italien) - Federico Pucci, pioniere della traduzione automaticaDeuxième partie - Federico Pucci : LE précurseur de la traduction automatique
Première partie - Traduction automatique : SCOOP sur le traducteur dynamo-mécanique !
Sur Adscriptor :
Federico Pucci, inventeur du premier "traducteur mécanique" des temps modernes
4. Il traduttore [elettro]-meccanico secondo Federico Pucci (17/06/2017)
3. Exclusivité : les inventions de Federico Pucci dans la traduction automatique (24/03/2017)
2. Histoire actualisée de la traduction automatique (17/03/2017)
1. Traduction automatique : une découverte extraordinaire (16/03/2017)
Traduction : « Le traducteur mécanique et la méthode pour correspondre entre européens, chacun en connaissant uniquement sa propre langue », 1e partie.
Cette première partie signifiant donc qu'il y en aurait eu au moins une autre à suivre, ce que l'auteur précise sur la couverture : « En préparation : traduction de la langue nationale vers la langue étrangère. (langue française) Temps nécessaire pour apprendre à traduire : une minute »
Dès la préface au lecteur, rédigée à Salerne le 10 décembre 1930, l'auteur nous dit qu'il entend démontrer qu'il serait possible de faire correspondre entre eux des étrangers ne connaissant respectivement que leur propre langue (Il presente lavoretto tende a dimostrare che sarebbe possibile corrispondersi fra stranieri, conoscendo ciascuno solo la propria lingua).
Or dans le compte rendu d'une conférence tenue le 21 janvier 1930 à Salerne par Monsieur Pucci, publié le 6 février 1930 sur l'édition salernitaine du quotidien "Il Mattino", le journaliste rapporte ceci :
J'ai consulté la version correspondante du journal Il Mattino, mais malheureusement il s'agit de l'édition nationale et non pas salernitaine, impossible à trouver aujourd'hui, les archives du quotidien à Naples ne conservant que l'édition napolitaine et non pas ses déclinaisons locales.
[Début]
L'histoire de la "langue universelle" selon M. Federico Pucci
L'auteur dénombre dans son introduction plus de 150 (!) tentatives faites entre le XVIIe et le XIXe siècles pour inventer une langue universelle, « en partant de la constatation qu'en Extrême-Orient les peuples communiquent à l'aide d'un système d'écriture idéographique (le chinois) indépendant des systèmes phonétiques de chaque langue ». (...partivano dalla constatazione del fatto che, nell'Estremo Oriente, parecchi popoli comunicano fra loro mediante un sistema di scrittura ideografica (il cinese) indipendente dalle singole fonetiche).
Sans citer Descartes, il commence son énumération par Leibniz (1660), puis Becher (1661), dont la pasigraphie fut améliorée par le philologue serbe Moses Paic, puis par l'allemand Anton Bachmaier [il avait peut-être lu l’Histoire de la Langue Universelle de MM. Couturat & Léau (1905)], ainsi que la pasigraphie (voir ici un exemple) de Johann Severin Vater (qui obtint, selon lui, "quelque résultat pratique" et qu'il nomme "il Walter") et, enfin, l'Espéranto de Ludwik Lejzer Zamenhof.
Quant à l'anglais, il la considère impraticable comme langue internationale, car bien qu'étant déjà parlée par des centaines de millions de personnes, fondamentalement les États du monde ne veulent ni ne doivent tolérer une nouvelle suprématie anglo-saxonne (Tuttavia la ragione fondamentale per la quale è impossibile usare I'inglese come lingua internazionale, benchè sia gia parlata da centinaia di milioni di persone, risiede nel fatto che gli stati del mondo non vogliono ne debbono tollerare una nuova supremazia anglosassone...).
Raison pour laquelle seule une langue neutre peut prétendre à devenir langue internationale et, l'Espéranto étant la seule langue neutre pouvant atteindre cet objectif, elle finira par triompher (Perciò solo una lingua neutra può imporsi come idioma internazionale, ed essendo l'esperanto l'unica fra le lingue neutre idonea a raggiungere lo scopo, finirà col trionfare), sans se prononcer sur le "quand".
Dans l'attente, dit-il, « je me soucie des masses de gens qui n'ont ni la préparation, ni l'envie ni le temps d'apprendre une langue quelconque, qu'elle soit neutre ou de formation naturelle, et j'ai donc abordé le problème sur des bases entièrement nouvelles. » (In attesa di tale trionfo, io mi preoccupo delle masse che non hanno predisposizione, volontà, o tempo, di imparare qualsiasi·lingua, sia essa neutra che di formazione naturale, ed imposto perciò il problema su basi completamente nuove).
[Début]
La nouvelle approche de M. Federico Pucci, selon ses propres mots
Il traite ensuite sur 14 pages de la théorie générale des langues monosyllabiques, agglutinantes et flexionnelles, en comparant quelques caractéristiques du chinois, de l’italien et du japonais, puis passe « de la théorie à la pratique et de la synthèse à l'analyse », en présentant un tableau des clés fondamentales, valables pour les langues romanes. Et d’ajouter : « Nous verrons plus loin qu’avec quelques ajouts mineurs, elles serviront aussi pour les langues germaniques et slaves.»
Il aborde ensuite les normes pour l'application pratique de ces tableaux (sur 11 pages), avant de proposer un tableau des correspondances vocaliques et consonantiques entre l'italien et le français, calculées d'après les lois glottologiques en vertu desquelles l'italien et le français se sont formées dans le temps à partir du latin.
Puis il explique ce qui précède pendant 16 autres pages, avant d'arriver à une "méthode dérivée" (pour traduire un texte du français à l'italien sans connaître le français), dont la théorie générale est exposée dans les pages restantes, jusqu'à présenter l'exemple (dans les trois dernières pages) de la traduction, selon sa méthode, de ce texte de Voltaire, cité p. 34 et intitulé "Le nez d'un mari" (Zadig) :
À titre de comparaison, voici la traduction automatique neuronale de Google, près de 90 ans plus tard....
[Début]
Du "traducteur mécanique" au "traducteur dynamo-mécanique" de M. Federico Pucci
Je n'ai encore découvert aucune reproduction photographique de la machine primée en 1935 ni de celle primée en 1949 au concours Lépine, la seule indication étant une petite maquette cartonnée, réalisée par Monsieur Pucci lui-même et annotée de sa main, qui se trouve dans le livre-machine que j'ai pu consulter à la Bibliothèque provinciale de Salerne, bien qu'il s'agisse du perfectionnement "dynamo-mécanique" (1949-50) de son "traducteur mécanique" originel (1929-30) : « Il traduttore dinamo-meccanico : Tipo libro macchina. Serie a. L'invenzione per la traduzione immediata e rapida nelle lingue dell'Occidente senza conoscerle e quasi senza vocabolario. » [fasc. ] 1. Italiano-Inglese
Traduction : « Le traducteur dynamo-mécanique. Type "livre-machine". Série a. L'invention pour traduire de manière immédiate dans les langues de l'Occident sans les connaitre et presque sans dictionnaire. Op. I: Italien-Anglais »
L'introduction du préfixe "dynamo", comme il le dit lui-même, est due au fait qu'avec le "traducteur mécanique", du même type que celui présenté en 1935, la traduction était possible, mais lente ; tandis que la version "dynamo-mécanique" de son traducteur fonctionne un peu comme les machines à écrire modernes (nous sommes en 1950), il faut s'entraîner un peu à la recherche rapide des touches, mais après tout va plus vite.
De plus près :
Où A désigne le vocabulaire mobile, B le complément au vocabulaire mobile, C le correcteur syntaxique et D le correcteur morphologique.
M. Pucci ajoute en-dessous : "construire la machine selon ce modèle, apprendre le fonctionnement des différents éléments, puis traduire"..., en précisant que pour élaborer un traducteur, il faut se baser sur deux livres identiques.
Tout cela n'est pas très clair, et il est difficile de se faire une idée sans voir "physiquement" la machine. Je ne désespère pas d'en voir une un jour...
[Mise à jour, 7 avril 2017] J'ai reçu aujourd'hui la reprographie intégrale des ouvrages qui se trouvent à la bibliothèque centrale de Florence, et l'exemplaire jumeau du "livre-machine" que j'ai consulté à la bibliothèque provinciale de Salerne a lui aussi une maquette quasi-identique :
J'ignore le tirage de cet ouvrage, mais chaque maquette étant réalisée et annotée à la main par l'auteur, on peut imaginer les délais nécessaires à une telle opération !
En revanche une découverte de première importance que cette reprographie me dévoile, et qui m'avait totalement échappé en consultant le livre jumeau à Salerne, se trouve sur la quatrième page de couverture :
Je signale cette trouvaille par les deux flèches blanches : le livre seul était vendu 150 lires, et le livre avec la machine, 600 lires !!!
Donc si la machine ne coûtait que 450 lires et pouvait être vendue avec le livre, on comprend mieux l'épithète de "portable" utilisé par M. Pucci en d'autres circonstances pour nommer son invention, qu'il avait ainsi voulue pratique, peu encombrante, et abordable.
Je posterai en P.S. une mise à jour plus complète dès que j'aurai le temps de la rédiger...
[Début]
Les machines à traduire de M. Federico Pucci
Car dans ce livre de 1950, M. Pucci nous donne un aperçu supplémentaire, non pas de "sa" machine, mais de "ses" machines et de leur utilisation :
Cette référence à un "illustre chercheur" de l'Université de Manchester à l'époque (décembre 1949) est vraiment curieuse, car la seule machine développée à ce moment-là est le Manchester Mark I, et donc le professeur que M. Pucci ne nomme pas pourrait être Frederic Calland Williams ou Tom Kilburn, qui dirigèrent la conception de la machine, abandonnée à cette date pour passer ensuite à une deuxième version plus performante, le Ferranti Mark I.
Une autre curiosité est la référence que fait M. Pucci au journal britannique "News Chronicle" du 26 août 1949, puisque nous avons vu que ce même jour, l'info de l'invention de M. Pucci est également publiée dans plusieurs quotidiens aux États-Unis, probablement à partir d'une dépêche de l'United Press, qui aurait donc repris l'actu du "News Chronicle"...
Enfin, un élément vraiment surprenant est la mention de l'Interprète Électro-mécanique Portable, puisque cela signifie sans équivoque, comme il ressort clairement de sa description, que ses inventions ne se limitaient pas à la traduction écrite, mais aussi orale !
Une dernière information que j'ai trouvée dans les livres de Monsieur Pucci est que le "traducteur mécanique" présenté à Paris au concours Lépine de 1935 faisait l'objet d'un enregistrement à l'ONPI, une piste que je me propose d'approfondir dans une dizaine de jours, lors de ma venue à Paris à l'occasion du 1er Congrès Mondial de Traductologie...
À suivre… [Début]
Liens connexes :
3. Exclusivité : les inventions de Federico Pucci dans la traduction automatique (24/03/2017)
2. Histoire actualisée de la traduction automatique (17/03/2017)
1. Traduction automatique : une découverte extraordinaire (16/03/2017)
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Selon les études actuelles qui ont tenté de reconstituer le commencement de la traduction automatique au XXe siècle, ses débuts remontent aux années 1932-1933 avec les deux premiers "inventeurs" notoirement reconnus, Georges Artsrouni et Petr Petrovič Smirnov-Trojanskij.
Jusqu'à ce que le soussigné ne découvre l'existence de M. Federico Pucci (dont seul le nom avait été brièvement signalé par M. Hutchins, mais sans en approfondir le rôle), qui a présenté à Salerne son "traducteur automatique" dès le mois de décembre 1929, exposé l'année suivante pendant six mois (de mars à novembre 1930) à l'Exposition Nationale de Bolzano et primé d'une médaille d'argent, et publié en 1931 ce qui est probablement le premier texte au monde sur un dispositif de traduction automatique, intitulé « Il traduttore meccanico ed il metodo per corrispondersi fra europei conoscendo Ciascuno solo la propria Lingua : Parte I. », dont voici la couverture :
Traduction : « Le traducteur mécanique et la méthode pour correspondre entre européens, chacun en connaissant uniquement sa propre langue », 1e partie.
Cette première partie signifiant donc qu'il y en aurait eu au moins une autre à suivre, ce que l'auteur précise sur la couverture : « En préparation : traduction de la langue nationale vers la langue étrangère. (langue française) Temps nécessaire pour apprendre à traduire : une minute »
[In preparazione: traduzione dalla lingua nazionale nella lingua straniera. Tempo per apprendere a tradurre : un minuto (lingua francese)]C'est ce texte que le présent billet se propose de vous faire découvrir.
Dès la préface au lecteur, rédigée à Salerne le 10 décembre 1930, l'auteur nous dit qu'il entend démontrer qu'il serait possible de faire correspondre entre eux des étrangers ne connaissant respectivement que leur propre langue (Il presente lavoretto tende a dimostrare che sarebbe possibile corrispondersi fra stranieri, conoscendo ciascuno solo la propria lingua).
Or dans le compte rendu d'une conférence tenue le 21 janvier 1930 à Salerne par Monsieur Pucci, publié le 6 février 1930 sur l'édition salernitaine du quotidien "Il Mattino", le journaliste rapporte ceci :
Il Pucci, dopo di aver dimostrato che tutti i tentativi fatti per 3 secoli da scienziati stranieri non raggiunsero alcun risultato pratico, espose in modo praticissimo il proprio metodo, facendo tradurre alcune frasi inglesi e tedesche a coloro che non avevano studiato dette lingue.Traduction :
M. Pucci, après avoir montré que toutes les tentatives faites durant trois siècles par des scientifiques étrangers n'avaient obtenu aucun résultat concret, a procédé à une exposition pratique de sa propre méthode, en faisant traduire quelques phrases en anglais et en allemand par des personnes n'ayant jamais étudié ces langues.Il est donc clair que la machine existait et fonctionnait bel et bien (elle ne sera envoyée à Bolzano pour l'Exposition nationale que deux mois plus tard), puisqu'elle avait servi à faire traduire en public quelques phrases italiennes en anglais et en allemand par des présents ne connaissant pas ces langues, selon le journaliste. La précision de M. Pucci sur la couverture de son livre nous donne par ailleurs une indication précieuse : temps nécessaire pour apprendre à utiliser le "traducteur mécanique", 1 minute !
J'ai consulté la version correspondante du journal Il Mattino, mais malheureusement il s'agit de l'édition nationale et non pas salernitaine, impossible à trouver aujourd'hui, les archives du quotidien à Naples ne conservant que l'édition napolitaine et non pas ses déclinaisons locales.
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L'histoire de la "langue universelle" selon M. Federico Pucci
L'auteur dénombre dans son introduction plus de 150 (!) tentatives faites entre le XVIIe et le XIXe siècles pour inventer une langue universelle, « en partant de la constatation qu'en Extrême-Orient les peuples communiquent à l'aide d'un système d'écriture idéographique (le chinois) indépendant des systèmes phonétiques de chaque langue ». (...partivano dalla constatazione del fatto che, nell'Estremo Oriente, parecchi popoli comunicano fra loro mediante un sistema di scrittura ideografica (il cinese) indipendente dalle singole fonetiche).
Sans citer Descartes, il commence son énumération par Leibniz (1660), puis Becher (1661), dont la pasigraphie fut améliorée par le philologue serbe Moses Paic, puis par l'allemand Anton Bachmaier [il avait peut-être lu l’Histoire de la Langue Universelle de MM. Couturat & Léau (1905)], ainsi que la pasigraphie (voir ici un exemple) de Johann Severin Vater (qui obtint, selon lui, "quelque résultat pratique" et qu'il nomme "il Walter") et, enfin, l'Espéranto de Ludwik Lejzer Zamenhof.
Quant à l'anglais, il la considère impraticable comme langue internationale, car bien qu'étant déjà parlée par des centaines de millions de personnes, fondamentalement les États du monde ne veulent ni ne doivent tolérer une nouvelle suprématie anglo-saxonne (Tuttavia la ragione fondamentale per la quale è impossibile usare I'inglese come lingua internazionale, benchè sia gia parlata da centinaia di milioni di persone, risiede nel fatto che gli stati del mondo non vogliono ne debbono tollerare una nuova supremazia anglosassone...).
Raison pour laquelle seule une langue neutre peut prétendre à devenir langue internationale et, l'Espéranto étant la seule langue neutre pouvant atteindre cet objectif, elle finira par triompher (Perciò solo una lingua neutra può imporsi come idioma internazionale, ed essendo l'esperanto l'unica fra le lingue neutre idonea a raggiungere lo scopo, finirà col trionfare), sans se prononcer sur le "quand".
Dans l'attente, dit-il, « je me soucie des masses de gens qui n'ont ni la préparation, ni l'envie ni le temps d'apprendre une langue quelconque, qu'elle soit neutre ou de formation naturelle, et j'ai donc abordé le problème sur des bases entièrement nouvelles. » (In attesa di tale trionfo, io mi preoccupo delle masse che non hanno predisposizione, volontà, o tempo, di imparare qualsiasi·lingua, sia essa neutra che di formazione naturale, ed imposto perciò il problema su basi completamente nuove).
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La nouvelle approche de M. Federico Pucci, selon ses propres mots
« Il primo obbiettivo che mi propongo di raggiungere è quello di permettere a due europei, di diversa nazionalità, di corrispondersi per iscritto, senza che nessuno dei due abbia mai studiato la lingua dell'altro, col solo aiuto del vocabolario, e senza aver fatto alcuno studio speciale, mediante un sistema di chiavi che dovrebbe avere la proprietà di mettere chiunque conosca la grammatica della sola sua lingua, nelle stesse condizioni in cui si trova chi conosce la grammatica di tutte le lingue europee, e cercare possibilmente di estendere il sistema alle principali lingue extra-europee. »Traduction :
Le premier objectif que je me propose d'atteindre est de permettre à deux européens de différente nationalité d'échanger une correspondance écrite, sans qu'aucun des deux n'ait jamais étudié la langue de l'autre, seulement à l'aide d'un dictionnaire et sans avoir fait d'études spéciales, au moyen d'un système de clés dont les propriétés devraient permettre à quelqu'un connaissant uniquement la grammaire de sa langue d'être dans une condition identique à quelqu'un qui connaîtrait la grammaire de toutes les langues européennes, et de tenter si possible d'étendre ce système aux principales langues non européennes.
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« Per poter conseguire risultati pratici, occorre anche che il sistema stesso, o almeno la base del medesimo, oltre ad adempiere la funzione citata, sia così semplice da poter essere appreso con una o due letture da chiunque abbia una cultura elementare, così preciso da impedire gli errori, in cui si potrebbe incorrere per le numerose differenze intercedenti fra le lingue parlate in Europa, così breve da permettere a chi volesse iniziare una corrispondenza con·uno straniero, di fargli tenere in una busta comune, oltre a quanto vuole comunicargli, il sistema di chiavi con la spiegazione delle medesime e con la istruzione circa il loro uso, date nella lingua di chi riceve la lettera, in modo che questi possa, dopo pochi minuti, cominciare a tradurre lo scritto inviatogli ed essere in condizioni di applicare immediatamente il sistema di chiavi nella risposta. »Traduction :
Afin d'obtenir des résultats concrets, il faut également que ce système, ou tout au moins les éléments de base du système, remplisse non seulement la fonction susmentionnée, mais soit aussi suffisamment simple pour pouvoir être appris en une ou deux lectures par toute personne ayant une culture élémentaire, suffisamment précis pour éviter les erreurs possibles en raison des nombreuses différences qui caractérisent les langues parlées en Europe, et suffisamment bref pour permettre à quiconque souhaite commencer une correspondance avec un étranger, d'insérer dans l'enveloppe le message qu'il veut communiquer et le système de clés, avec leur explication et les instructions sur la manière de les utiliser, dans la langue du destinataire, pour que ce dernier puisse, en quelques minutes, commencer à traduire le message reçu et être en mesure d'appliquer immédiatement le système de clés dans sa réponse.Un objectif extrêmement ambitieux et visionnaire, il faut le reconnaître !
Il traite ensuite sur 14 pages de la théorie générale des langues monosyllabiques, agglutinantes et flexionnelles, en comparant quelques caractéristiques du chinois, de l’italien et du japonais, puis passe « de la théorie à la pratique et de la synthèse à l'analyse », en présentant un tableau des clés fondamentales, valables pour les langues romanes. Et d’ajouter : « Nous verrons plus loin qu’avec quelques ajouts mineurs, elles serviront aussi pour les langues germaniques et slaves.»
Passando dalla teoria alla pratica e dalla sintesi all’analisi presento il prospetto delle chiavi fondamentali, valevoli per le lingue romanze. Vedremo in seguito che, con qualche piccola aggiunta servono pure per le lingue germaniche e per lo slavo.Voici ce tableau de clés, sur deux pages :
Il aborde ensuite les normes pour l'application pratique de ces tableaux (sur 11 pages), avant de proposer un tableau des correspondances vocaliques et consonantiques entre l'italien et le français, calculées d'après les lois glottologiques en vertu desquelles l'italien et le français se sont formées dans le temps à partir du latin.
Le tabelle sono state calcolate sulla scorta delle leggi glottologiche in base alle quali l'italiano ed il francese si sono a mano a mano formati dal latino.
Puis il explique ce qui précède pendant 16 autres pages, avant d'arriver à une "méthode dérivée" (pour traduire un texte du français à l'italien sans connaître le français), dont la théorie générale est exposée dans les pages restantes, jusqu'à présenter l'exemple (dans les trois dernières pages) de la traduction, selon sa méthode, de ce texte de Voltaire, cité p. 34 et intitulé "Le nez d'un mari" (Zadig) :
Un jour Azora revint d'une promenade, tout en colère, et faisant de grandes exclamations. Qu'avez-vous, lui dit-il, ma chère épouse ? Qui peut vous mettre ainsi hors de vous-même ? Hélas ! dit-elle, vous seriez indigné comme moi, si vous aviez vu le spectacle dont je viens d'être témoin. J'ai été consoler la jeune veuve Cosrue, qui vient d'élever depuis deux jours un tombeau à son jeune époux auprès du ruisseau qui borde cette prairie. Elle a promis aux dieux dans sa douleur de demeurer auprès de ce tombeau tant que l'eau de ce ruisseau coulerait auprès. …Azora se répandit en des invectives si longues, éclata en reproches si violents contre la jeune veuve, que ce faste de vertus ne plut pas à Zadig.M. Pucci précise :
Il avait un ami, nommé Cador, qui était un de ces jeunes gens à qui sa femme trouvait plus de probité et de mérite qu'aux autres: il le mit dans sa confidence et s'assura autant qu'il le put de sa fidélité par des présents considérables.
« Un italien ignorant le français ne peut appréhender que quelques mots isolés, mais le sens général lui échappe tout à fait. Pas plus qu'il ne peut le comprendre à l'aide d'un vocabulaire, puisqu'il n'y trouvera pas des mots tels que: faisant, peut, seriez, etc., que le vocabulaire ne rapporte pas.
Voyons donc ce qui se passe en écrivant le texte ci-dessus selon la méthode exposée ici. »
L'italiano·che non conosce il francese non riesce a comprendere che qualche parola isolata, ma il senso gli è del tutto incomprensibile. Né può compreder nulla utilizzando il vocabolario, perchè comincia a trovare parole come: faisant, peut, seriez ecc. che il vocabolario non riporta. Vediamo che cosa succede scrivendo il brano citato col metodo esposto.Je vous passe les détails, mais voici le résultat « qu'obtiendrait mécaniquement un italien ne connaissant pas le français, grâce au système de clés présenté ici » (p. 43 : quasi certamente, …, otterrebbe la seguente versione letterale, che è la stessa che otterebbe meccanicamente uno italiano che non abbia studiato il francese, mediante il sistema di chiavi esposto) :
Il naso di un maritoCroyez-moi, pour un système mécanique conçu en 1930, c'est absolument remarquable !
Un giorno Azora ritornò da una passeggiata tutta in collera, e facendo di grandi esclamazioni. Che avete voi, le (gli) disse Zadig, mia cara sposa? Chi può voi mettere così fuori di voi stessa? Ahimè! disse ella, voi sareste indignata come me, se voi avevate visto lo spettacolo di cui io vengo da essere testimone. Io ho stato consolare la giovane vedova Cosrue, che viene da elevare da due giorni una tomba a suo giovane sposo presso il ruscello che costeggia questa prateria. Ella ha promesso agli dei in suo dolore di dimorare (restare) presso quella tomba, finché l'acqua di quel ruscello scorrerebbe presso.
Eli aveva un amico, chiamato Cador, che era uno di quelle giovani genti a chi sua moglie trovava più di probità e di merito che agli altri, egli lo mise in sua confidenza e si assicurò, tanto che egli lo poteva, di sua fedeltà con un dono considerevole.
À titre de comparaison, voici la traduction automatique neuronale de Google, près de 90 ans plus tard....
Una giornata Azora tornato da una passeggiata, mentre arrabbiato, e facendo esclamazioni. Che cosa hai, disse, la mia cara moglie? Chi può mettere così fuori di te stesso? Ahimè! Ha detto, si sarebbe sconvolto come me, se avete visto lo show ho appena assistito. Mi consolava la giovane vedova Cosrue, basta alzare una tomba per due giorni al suo giovane marito al torrente che costeggia il prato. Ha promesso agli dei nel suo dolore per rimanere a questa tomba, come acqua del torrente sarebbe fluire.Or à part la phrase manquante dans le texte de M. Pucci, je serais bien embêté pour vous dire quelle est la meilleure version des deux !!!
... Azora scoppiata in invettive così lunghe, scoppiò in rimproveri così violenti contro la giovane vedova, che lo splendore delle virtù non piacque Zadig.
Aveva un amico di nome Cador, che era uno di quei giovani la cui moglie era più onestà e merito di altri: lo ha messo nella sua fiducia e ha fatto in modo quanto più poteva della sua fedeltà da una notevole presente.
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Du "traducteur mécanique" au "traducteur dynamo-mécanique" de M. Federico Pucci
Je n'ai encore découvert aucune reproduction photographique de la machine primée en 1935 ni de celle primée en 1949 au concours Lépine, la seule indication étant une petite maquette cartonnée, réalisée par Monsieur Pucci lui-même et annotée de sa main, qui se trouve dans le livre-machine que j'ai pu consulter à la Bibliothèque provinciale de Salerne, bien qu'il s'agisse du perfectionnement "dynamo-mécanique" (1949-50) de son "traducteur mécanique" originel (1929-30) : « Il traduttore dinamo-meccanico : Tipo libro macchina. Serie a. L'invenzione per la traduzione immediata e rapida nelle lingue dell'Occidente senza conoscerle e quasi senza vocabolario. » [fasc. ] 1. Italiano-Inglese
Traduction : « Le traducteur dynamo-mécanique. Type "livre-machine". Série a. L'invention pour traduire de manière immédiate dans les langues de l'Occident sans les connaitre et presque sans dictionnaire. Op. I: Italien-Anglais »
L'introduction du préfixe "dynamo", comme il le dit lui-même, est due au fait qu'avec le "traducteur mécanique", du même type que celui présenté en 1935, la traduction était possible, mais lente ; tandis que la version "dynamo-mécanique" de son traducteur fonctionne un peu comme les machines à écrire modernes (nous sommes en 1950), il faut s'entraîner un peu à la recherche rapide des touches, mais après tout va plus vite.
« La traduzione allora conseguita era detta meccanica perchè aveva luogo meccanicamente, presentando difficoltà analoghe a quelle presentate dalla traduzione di un testo cifrato, possedendo il cifrario. La traduzione era possibile, ma lenta.Voici cette maquette :
Il presente studio dà rapidità alla traduzione dalle lingue occidentali e rende il lavoro simile a quello che si otterrebbe volendo copiare a macchina un testo e disponendo di una macchina da scrivere di nuovo tipo, pur sapendosi scrivere a macchina: occorre un po di allenamento per la rapida ricerca dei tasti. Da cio l'aggiunta del prefisso Dinamo. »
De plus près :
Où A désigne le vocabulaire mobile, B le complément au vocabulaire mobile, C le correcteur syntaxique et D le correcteur morphologique.
M. Pucci ajoute en-dessous : "construire la machine selon ce modèle, apprendre le fonctionnement des différents éléments, puis traduire"..., en précisant que pour élaborer un traducteur, il faut se baser sur deux livres identiques.
Tout cela n'est pas très clair, et il est difficile de se faire une idée sans voir "physiquement" la machine. Je ne désespère pas d'en voir une un jour...
[Mise à jour, 7 avril 2017] J'ai reçu aujourd'hui la reprographie intégrale des ouvrages qui se trouvent à la bibliothèque centrale de Florence, et l'exemplaire jumeau du "livre-machine" que j'ai consulté à la bibliothèque provinciale de Salerne a lui aussi une maquette quasi-identique :
J'ignore le tirage de cet ouvrage, mais chaque maquette étant réalisée et annotée à la main par l'auteur, on peut imaginer les délais nécessaires à une telle opération !
En revanche une découverte de première importance que cette reprographie me dévoile, et qui m'avait totalement échappé en consultant le livre jumeau à Salerne, se trouve sur la quatrième page de couverture :
Je signale cette trouvaille par les deux flèches blanches : le livre seul était vendu 150 lires, et le livre avec la machine, 600 lires !!!
Donc si la machine ne coûtait que 450 lires et pouvait être vendue avec le livre, on comprend mieux l'épithète de "portable" utilisé par M. Pucci en d'autres circonstances pour nommer son invention, qu'il avait ainsi voulue pratique, peu encombrante, et abordable.
Je posterai en P.S. une mise à jour plus complète dès que j'aurai le temps de la rédiger...
[Début]
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Les machines à traduire de M. Federico Pucci
Car dans ce livre de 1950, M. Pucci nous donne un aperçu supplémentaire, non pas de "sa" machine, mais de "ses" machines et de leur utilisation :
Ces machines se déclinent en machines simples, mécaniques, électriques, phono-électriques, photo-électriques et télé-électriques, et donnent naissance à de nombreux autres types composés, dont l'Interprète Électro-mécanique Portable, qui a été primé au Grand Concours d'Inventions de Liège.
J'explique le concept général des machines : les pages du vocabulaire mobile, constituées par deux colonnes collées sur du carton dans le type présenté ici, sont poussées par la main de l'homme ; si l'on veut dire à un anglais, « egli va », puisque « egli » commence par « E » on tire la page contenant les mots qui commencent par E ; la lettre suivante nous permet de repérer immédiatement « egli = he »; ainsi « aller » nous donne « go » ; vu que nous avons un présent de l'indicatif, nous regardons le correcteur morphologique et nous constatons que pour la 3e personne au singulier du présent indicatif le « o » anglais doit être remplacé par « oes » ; et donc, « he goes ». Pour une machine électrique, le mouvement qui est fait à la main dans le cas présent est effectué par l'électricité ; pour la machine phono-électrique, le vocabulaire mobile comporte trois colonnes, dont les deux premières sont imprimées sur une feuille d'étain, et la troisième est constituée par un disque d'acier tel que celui d'un phonographe, sur lequel le locuteur étranger enregistre la prononciation des termes de sa langue ; près de chaque mot italien se trouve un numéro ; en appuyant sur un bouton, une tête de lecture électrifiée dans un champ magnétique se déplace sur la prononciation enregistrée et lit le mot en langue étrangère, après qu'un mouvement électrique ait procédé aux corrections graphique et phonétique : dans ce cas, en remplaçant « o » par « oes » ; le système télé-électrique suppose deux traducteurs électriques, l'un fonctionnant comme dispositif de transmission, disons à Rome, et l'autre comme dispositif de réception, disons à Londres ; en reliant les deux unités avec un téléimprimeur, le dispositif qui se trouve à Londres effectue les mêmes mouvements que le dispositif de transmission à Rome, pour obtenir à distance la traduction écrite et orale ; dans les autres types de machine, la partie du correcteur syntaxique est encadrée dans le vocabulaire mobile ; j'ai retenu cette disposition pour simplifier le vocabulaire en vue des expériences à réaliser ; j'ai choisi l'anglais pour une première application, car les variations morphologiques de cette langue sont peu nombreuses ; pour les expérimentations phoniques nous préférerons l'espagnol, et les premières expériences photo-télé-électriques seront tentées entre Rome (peut-être auprès de l'Académie universelle des inventeurs et des auteurs) et les bureaux des organisations alliées de l'Association Pro-Pace pour la langue espagnole. Avant de traduire, on consulte le correcteur syntaxique qui donne la construction.
(...)Pour les machines où le vocabulaire mobile est complet, une fois tirée la première lettre, la machine sort le feuillet comprenant tous les mots qui commencent par cette lettre, puis on tire la deuxième lettre, qui met en évidence la troisième selon un système similaire, et ainsi de suite.
En remplaçant le mouvement manuel par un clavier actionné électriquement, il est possible de taper le mot à la machine et de déterminer le terme étranger à extraire.
C'est ce système que j'ai exposé à Paris en septembre 1949, et dont a rendu compte une déclaration de la radiodiffusion-télévision française du 2 septembre 1949 à 20h, de même que le quotidien britannique "News Chronicle" dans son édition du 26 août 1949. C'est aussi sur ce système qu'est fondée l'invention du (sic) professeur de l'université de Manchester, qui a réalisé un progrès puisque là où je réussissais à obtenir une photographie du mot étranger, l'illustre chercheur britannique (décembre 1949) procède à la transcription sur un support papier. Or par la suite j'ai moi-même abandonné ce système, en réussissant, comme je l'ai montré avec l'Interprète Électro-mécanique Portable (mars 1950), à faire sortir le mot à traduire en deux mouvements électriques, voire en un seul, plutôt que de le taper à la machine.
*
Cette référence à un "illustre chercheur" de l'Université de Manchester à l'époque (décembre 1949) est vraiment curieuse, car la seule machine développée à ce moment-là est le Manchester Mark I, et donc le professeur que M. Pucci ne nomme pas pourrait être Frederic Calland Williams ou Tom Kilburn, qui dirigèrent la conception de la machine, abandonnée à cette date pour passer ensuite à une deuxième version plus performante, le Ferranti Mark I.
Une autre curiosité est la référence que fait M. Pucci au journal britannique "News Chronicle" du 26 août 1949, puisque nous avons vu que ce même jour, l'info de l'invention de M. Pucci est également publiée dans plusieurs quotidiens aux États-Unis, probablement à partir d'une dépêche de l'United Press, qui aurait donc repris l'actu du "News Chronicle"...
Enfin, un élément vraiment surprenant est la mention de l'Interprète Électro-mécanique Portable, puisque cela signifie sans équivoque, comme il ressort clairement de sa description, que ses inventions ne se limitaient pas à la traduction écrite, mais aussi orale !
Une dernière information que j'ai trouvée dans les livres de Monsieur Pucci est que le "traducteur mécanique" présenté à Paris au concours Lépine de 1935 faisait l'objet d'un enregistrement à l'ONPI, une piste que je me propose d'approfondir dans une dizaine de jours, lors de ma venue à Paris à l'occasion du 1er Congrès Mondial de Traductologie...
À suivre… [Début]
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