mardi 14 janvier 2025

40 ans de métier ... et c'est reparti pour au moins une décennie...

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Translation 2.0, c'est fini !

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Mais certes pas mon activité de traduction, commencée il y a 40 ans cette année... 

Et qui se poursuit juste sous un autre nom, PUCCI TRADUZIONE, en hommage à Federico Pucci, précurseur absolu de la traduction automatique dans le monde. Dans la continuité de la philosophie de mon entreprise, créée en 1989 (alors que j'ai commencé à traduire en 1985), dont j'ai retrouvé l'histoire récemment. La voici :

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 GENÈSE

Dans la deuxième moitié des années 80, et dès le début de cette dernière décennie du XXe siècle, une date-symbole a eu un résonnement retentissant dans l’opinion publique européenne, martelée presque quotidiennement par la formidable puissance des médias aux oreilles de quelque 340 millions de citoyens :

1992

Ce « succès » étant surtout dû à l’échéance du 31 Décembre 1992, date butoir prévue aux termes de l’Acte Unique Européen (signé par la Communauté en février 1986) pour la mise en place de la libre circulation des personnes, des marchandises, des services et des capitaux au sein d’un grand marché transnational.

Aujourd’hui, la date est derrière nous mais le symbole demeure et, plus ou moins consciemment, 92 restera liée longtemps encore à l’avancée d’une Europe qui, si elle est lente et laborieuse, n’en est pas moins inexorable et souhaitable !

Réalisation d’un espace sans frontières intérieures donc, qui cependant laisse inchangée une barrière aussi invisible que difficilement franchissable : celle des langues.

Car dans ce brassage inouï de cultures et de mentalités, comment connaître et se faire connaître sans trouver d’abord un terrain d’entente, comment communiquer sans se comprendre ?

Par conséquent, dans un contexte où les besoins linguistiques évoluent de façon rapide et continue, les exigences modernes des principaux acteurs de la construction économique européenne que sont les Entreprises doivent absolument trouver une réponse appropriée : or, nul ne l’ignore, toute stratégie entrepreneuriale se fonde essentiellement sur le « marketing »(*), lui-même basé, entre autres, sur le concept de 

COMMUNICATION

Le vecteur naturel de la communication - en même temps que le complément idéal de l’image - restant bien entendu, outre le langage, la langue !

C’est là qu’intervient le STUDIO 92 SNC qui, pour mettre à la disposition de sa Clientèle un outil ciblé et polyvalent lui permettant enfin de Communiquer Européen, se propose d’adapter l’ensemble de ses compétences (qui vont évidemment au-delà du simple binôme traduction/interprétation) aux impératifs, désormais universellement reconnus, de la Qualité totale.

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(*) Le marketing pouvant être défini comme « l’ensemble des méthodes et des moyens dont dispose une organisation pour promouvoir, dans les publics auxquels elle s’intéresse, des comportements favorables à la réalisation de ses propres objectifs » (Jacques Lendrevie et Denis Lindon, Mercator, Ed. Dalloz - 1990)


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PRÉSENT

Dans le domaine qui nous occupe, une formule simple résume assez bien la situation : la quantité au détriment de la qualité...

Où la tendance actuelle à vouloir traiter tous les services dans toutes les langues et tous les secteurs est, au mieux une illusion, au pire une imposture !

Face à cette dispersion tous azimuts, assurément la maîtrise de la qualité passe par la spécialisation, voire la sectorialisation, mais quoi qu’il en soit par une concentration des savoir-faire.

Voilà pourquoi, dans un premier temps, nous avons délibérément choisi de restreindre notre champ d’action à deux langues « seulement » : l’italien et le français.

Puis, avec le souci de rester fidèles à notre vocation internationale, nous avons mis en œuvre un partenariat ouvert réunissant diverses Entreprises spécialisées : ce maillage nous permet de compléter l’offre des principales langues de travail dans l’Union Européenne : l’anglais, l’allemand, l’espagnol, le russe, etc.

Inscrits à la Feder CEN.TR.I. - Federazione Nazionale dei Centri di Traduzione ed Interpretariato -, à l’Assolingue, membre Assoservizi de la Confcommercio de Rome, dont nous avons souscrit au « Code de Comportement des Entreprises de Services », ayant pour finalité de susciter une meilleure déontologie dans le tertiaire avancé, et à la Chambre Française de Commerce et d’Industrie en Italie, nous entendons donner à ceux qui nous font confiance « une triple garantie de compétence, de sérieux et de responsabilité », adhérant ainsi pleinement aux souhaits de la CNET française, la Chambre Nationale des Entreprises de Traduction.

Nous sommes également affiliés à l’ASSITERM - Associazione Italiana per la Terminologia -, qui collabore étroitement avec d’autres Organismes nationaux homologues. En effet, nous croyons fortement à la nécessité d’une « prise de conscience terminologique », sans laquelle aucune véritable politique de communication n’est envisageable.

De manière à assurer la qualité et la productivité indispensables, notre Entreprise s’appuie sur :

-    un réseau de consultants dans les divers domaines d’activité où évolue le STUDIO 92 SNC, dont ils connaissent parfaitement, outre la langue source, le langage : pour en citer quelques-uns, nommons l’Informatique, l’Énergie & l’Environnement, la Télédétection & la Recherche Spatiale, le BTP, les Industries Mécaniques, la Médecine, le Droit, la Finance, la Comptabilité, l’Économie, la Publicité, l’Art & la Culture, etc.

-     des ressources documentaires auxquelles ces consultants ont accès : revues spécialisées, encyclopédies, plus d’une centaine de dictionnaires spécifiques, des banques de données.

-     des moyens de production informatique : plateformes MacIntosh et PC-DOS, équipées des principaux logiciels de traitement de texte, de PAO, de TAO et de tableurs.


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AVENIR

Forts de nos acquis professionnels, et fermement résolus à continuer notre engagement pour la Qualité totale, nous souhaitons nous démarquer en insistant sur notre rôle de COMMUNICATEUR, regardant vers le futur avec optimisme et sérénité !

À l’heure où les Douze sont en passe de devenir les Dix-sept, ce nombre étant d’ores et déjà destiné à grandir encore, à l’heure où la Communauté devient l’Union, il est plus que jamais actuel de Communiquer Européen : l’européanisation - pour ne pas dire la mondialisation - inéluctable de chaque profession est la voie toute tracée, la voie royale en quelque sorte, qui consiste à penser, autant au niveau des acteurs publics que privés, une politique linguistique globale tendant à l’unification d’une terminologie opérationnelle intégrée européenne.

L’explosion extraordinaire - et croissante - que connaissent sciences et techniques exige la création et le répertoriage annuels de plusieurs milliers de termes, ce qui ouvre des perspectives incalculables à la terminologie.

Ajoutons à cela que le seuil d’obsolescence des langages les plus pointus et les plus évolutifs se situe aux alentours de ... dix-huit mois ! D’où l’importance d’actualiser en permanence les différents thésaurus et de les rendre aisément accessibles en ligne, sur réseau télématique ou informatique, pour faire au plus vite de la terminologie une discipline de terrain, une science opérationnelle.

Infinité des instances et des organisations concernées, des plus petites aux plus grandes, infinité des « univers perçus ou conçus » à étudier, infinité des « appariements bilingues ou multilingues », l’effort majeur doit tendre à l’harmonisation, rationnelle et cohérente, d’une terminologie intégrée.

Que ce soit donc au niveau des individus, des groupes, des sociétés ou des États, il ne s’agit rien de moins que « de promouvoir ou défendre une personnalité sociale, culturelle, technique, technologique ou commerciale »(*) qui soit européenne.

Projet réaliste ou utopique ? Voilà une bonne question : cesser de rimer utopique à terminologique pour donner le jour, enfin, au Projet Utopie ? L’enjeu est ambitieux, certes, mais possible, et le seul qui débouche, à terme, sur l’instauration de la Banque Européenne (Mondiale) Omnidisciplinaire des Mots !

Réaliser l’UTOPIE

Unifier une Terminologie OPérationnelle Intégrée Européenne

En conclusion, au vœu légitime des Entreprises pour une communication linguistique personnalisée à la hauteur de leur image et de leurs attentes, le STUDIO 92 SNC répond en marquant ses prestations du sceau de la qualité - la Qualité :

Notre cheval de bataille à la conquête de Votre réussite !!!

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(*) Le rédacteur tient à préciser que certaines de ses réflexions fondamentales lui ont été inspirées par la lecture de l’excellent livre, aussi clair que savant, de M. Daniel Gouadec (qu’il remercie), Terminologie, Ed. AFNOR - 1990

 

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Voici, en gros, les principes auxquels je me suis tenu durant ma carrière, d'abord pendant 25 ans en tant qu'indépendant et que Studio 92 Snc, suivis de 15 ans comme Translation 2.0, et auxquels je souhaite continuer de me tenir dans cette nouvelle aventure de Pucci Traduzione.

Ce blog reste ouvert, à suivre...



jeudi 29 décembre 2022

Des bienfaits et des méfaits de la traduction automatique

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Voici plusieurs semaines que ce billet me trotte dans la tête. Mais le déclencheur est une proposition que j'ai reçue aujourd'hui de l'un des dix premiers groupes de traduction au monde ! Un boulot et des conditions de travail si merdiques que je n'ai jamais vu un tel désastre durant mes 38 ans de carrière !

Tout d'abord, une précision : je ne suis pas de ceux qui dénigrent envers et contre tout la place que doit avoir la traduction automatique (TA) dans notre métier. Car je reconnais qu'elle peut souvent apporter un gain de productivité considérable. Pour autant qu'elle soit utilisée avec critère et à bon escient. Ce qui n'est pas le cas pour toutes les combinaisons linguistiques, tous les secteurs et tous les développeurs.

Aujourd'hui la mode est claire : l'un des objectifs primordiaux des grands groupes prestataires de services linguistiques (LSPs pour nos amis anglo-saxons) est de développer un moteur neuronal de traduction automatique, chacun le sien. Avec plus ou moins de bonheur, il faut bien le dire. Et bien disons-le : surtout avec plus de malheur que de bonheur... 

D'abord au plan technologique : tous les LSP ne sont pas au même niveau, loin s'en faut. Ce qui se reflète sur les résultats de leurs moteurs de TA.

Ensuite selon la combinaison linguistique : plus un couple de langues est fréquent, plus le développeur est en mesure de fournir au moteur boulimique les masses énormes de données dont il a besoin pour faire son auto-apprentissage.

Idem pour les secteurs : plus un domaine est courant et mûr, plus il est en mesure d'alimenter le moteur.

Ainsi, vous aurez davantage de chance d'obtenir une TA qualitativement meilleure avec le couple anglais-français en informatique qu'avec le couple turc-javanais en aérospatiale, ça va de soi...

Or, pour parler d'expérience, la TA en droit/juridique italien-français fournit des résultats exécrables ! Un véritable piège, dont la principale raison est plutôt inattendue : très souvent l'italien et le français peuvent utiliser les mêmes mots, mais avec des sens différents ! Ce qu'un moteur de TA est absolument incapable de distinguer. Seul le traducteur humain peut le faire.

Par conséquent, quand bien même le moteur serait à la pointe de sa technologie, il fournit généralement une traduction incompréhensible, un texte sans queue ni tête, qu'un traducteur doit entièrement remanier et, au final, réécrire. Il n'y a donc aucun bénéfice à utiliser la TA dans ces cas-là, que ce soit en termes économiques ou de temps. Car dans ces conditions, le traducteur ne gagne pas de temps, il en perd. Et donc, selon le fameux adage "time is money", il perd aussi de l'argent.

Mais venons-en à ma proposition ! Arrivée le 29 décembre à 16h15', à livrer le 2 janvier à 14h : pas même 4 jours pour post-éditer 22850 mots en FR, soit plus 5700 mots/jour pendant le week-end et les fêtes du réveillon et du 1er de l'an ! Et comme le donneur d'ordre est généreux, il veut me payer à 50% de mon tarif en se fondant sur le fait que, selon lui, la TA me fournit 50% du travail déjà bien ficelé et qui n'est donc plus à faire...

Voyons plus en détail cette aberration à tous les niveaux, qui avance des prétentions totalement injustifiées et irrespectueuses du traducteur et de son travail !

Du reste, je ne sais pas trop par où commencer tellement cette "offre" est farfelue et indubitablement indigne d'un donneur d'ordre de ce niveau. Je vais tenter de procéder par ordre :

* MTPE (Machine Translation Post-Editing) : d'après ce que je comprends, l'objectif final des grands groupes n'est plus que de procéder par post-édition de traductions automatiques (on va garder le sigle anglais, parce que PÉTA...), ce qui relègue le traducteur a un rôle de second plan par rapport à la machine (bien que beaucoup s'en défendent) et permet surtout au donneur d'ordre d'abattre les tarifs payés d'environ un tiers par rapport à ceux d'une traduction normale... 

Premier problème : une bonne post-édition dépend énormément de la qualité du texte traduit automatiquement. Or c'est là que le bât blesse ! Pour reprendre mon exemple d'une traduction automatique juridique italien-français, le résultat n'est jamais - je dis bien, jamais - bon. Donc a priori perte de temps et d'argent pour le traducteur / post-éditeur, et tout bénef pour le donneur d'ordre si le traducteur accepte les conditions imposées sans rechigner, alors que nous ne sommes déjà plus dans la post-édition mais dans la réécriture : remanier chaque segment, retrouver le sens perdu par la TA et reformuler. Ce qui est plus chronophage que de traduire directement.

Juste un exemple de la TA à post-éditer sans trahir la confidentialité du texte : le prénom et nom de famille d'une partie au procès étaient ainsi rendus : Joyeux Père Noël (sic!). Je sais bien que c'est la période, mais bon... Donc, si la TA est capable de se planter dans les grandes largeurs sur une simple généralité, je vous laisse imaginer sur les segments plus complexes : du charabia ! Et le texte comprend 1200 segments... Dans ces conditions, prétendre que la TA a déjà fait la moitié du travail pour vous payer deux fois moins, c'est se foutre du monde. Car non seulement le texte produit n'est pas bon, mais en plus il est faux. Jamais un traducteur humain ne traduirait un nom de famille. La TA, si. Au final, aucun gain de temps, mais une perte : le temps nécessaire au post-éditeur pour virer l'erreur de la TA et rétablir le nom de famille initial. Temps perdu = argent perdu.

Deuxième problème : les quantités exigées. Il semble que depuis l'apparition de la TA dans notre métier, les clients autant que les agences de traduction ont perdu tout sens de la mesure. Pendant longtemps, la quantité jugée "normale" était d'à peu près 2500 mots/jour, seuil au-delà duquel on passait dans l'urgence, qui justifiait par conséquent une majoration d'environ 30% du tarif. Et si cette urgence (déterminée par le rapport quantité/difficulté/délais) tombait un week-end ou pendant les fêtes, autre majoration.

Pourtant "ma" proposition (post-éditer 22850 mots en moins de 4 jours pendant le week-end et les fêtes du réveillon et du 1er de l'an) ne prévoyait pas la moindre majoration, en se contentant de diviser par 2 mon tarif habituel. Pour une moyenne de 5700 mots/jours, qui est déjà plus du double des quantités autrefois jugées "normales". Que les clients pensent qu'avec la TA on peut "facilement" produire entre 7 et 10000 mots/jour, pourquoi pas, ils sont dans leur rôle. Mais que les agences les confortent dans cette idée sans faire œuvre de pédagogie pour leur expliquer que, non, cela ne correspond à rien et va au détriment de la qualité finale, c'est impardonnable, et surtout une façon de se défausser des retombées de leur pusillanimité sur le dos des traducteurs.

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J'ouvre ici une parenthèse pour revenir sur deux concepts qui me sont chers : la quadrature du triangle et le quintette de Mozart

La quadrature du triangle

Imaginez un triangle équilatéral avec aux trois côtés les légendes - DÉLAIS - COÛTS - QUALITÉ - et au centre le terme RESSOURCES :


- où la « ressource Traducteur » (seule composante « humaine » des ressources, matérielles, logicielles, etc.) est broyée dans l’engrenage irréalisable de faire cadrer des nécessités incompatibles, liées à la triple exigence des coûts, des délais et de la qualité (cités par ordre d’importance selon les clients)

- où les délais de remise de la traduction (c’est pour hier, comme on dit en italien) sont inversement proportionnels aux délais de paiement (à la fronde, et le plus tard possible)

- où le niveau des prix reconnus au traducteur (tarifs plus bas possibles) est inversement proportionnel au niveau de qualité requis (toujours être ultra-spécialisé et omni-polyvalent) (la « multicompétence »).

En fait, dans cette impossible équation de la quadrature du triangle, le concept est très simple : entre DÉLAIS, COÛTS et QUALITÉ, prenez-en deux et oubliez le troisième…

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Quant à l'effet Mozart, il a été théorisé par Rory Cowan, à l'époque PDG de Lionbridge Technologies :
Si, en 1790, il fallait cinq musiciens pour interpréter un quintette de Mozart durant tant de minutes, aujourd'hui, en dépit des progrès techniques considérables qui ont été accomplis depuis, rien n'a changé : il faut toujours autant de musiciens jouant pendant autant de temps pour restituer la même œuvre !
Cette belle métaphore sur l'incompressibilité de certains délais d'exécution souligne implicitement les limites de la technologie galopante, qui ne pourra jamais répondre à tout sans intervention humaine, notamment au plan de la productivité.

Des traducteurs en ce qui nous concerne. D'où l'inutilité de toujours les presser ... comme des citrons trop mûrs, en leur demandant l'impossible à tort et à travers.

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Or en analysant de plus près "ma" proposition, on se rend compte qu'elle exemplifie à merveille les deux concepts ci-dessus, en demandant l'impossible au traducteur, ou pour le moins l'irraisonnable (grosse traduction, difficile, texte de départ de mauvaise qualité mais prétention d'un texte d'arrivée de bonne qualité, délai très court, le tout payé des clopinettes), sans tenir compte de l'incompressibilité du délai d'exécution, la TA jouant dans ce cas un rôle de retardateur, et non d'accélérateur. Certes, nous sommes à la limite, mais pour qu'un traducteur de métier fasse bien ce travail dans le délai imposé, encore faudrait-il le motiver avec un tarif compris entre 2500 et 3000 € !  

Telle qu'elle est, cette proposition indécente est inacceptable par tout traducteur qui se respecte. Et quoi qu'il en soit indigne de l'un des dix premiers groupes mondiaux. Qui fait ainsi un triple tort :
  1. Au client, à qui le texte livré le 2 janvier à 14h sera selon toute probabilité de (très) mauvaise qualité ;
  2. À la profession de traducteur et à qui l'aura traduit en acceptant de telles conditions ridicules ;
  3. Au groupe lui-même, qui ne saurait baser sa croissance sur une telle politique en montrant que, ce faisant, il ne respecte ni ses clients ni les traducteurs qui travaillent pour lui (et je n'ose imaginer la marge qu'il dégagera entre ce qu'il aura demandé au client et ce qu'il aura payé au traducteur)...
If you pay peanuts, you get monkeys!   



jeudi 24 mars 2022

La traduction en France en 2022

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Mon étude de 2014 sur les acteurs du marché de la traduction technique et automatique en France, essentiellement des grands groupes, tentait de faire le tour de la situation, qui se résumait à l'époque comme suit :
  1. ORTEC 1 Md€
  2. Ubiqus 60 M€
  3. Telelingua 17 M€
  4. Datawords Datasia 16 M€
  5. Linguistique Communication Informatique 15 M€
  6. Technicis 11 M€
  7. Tradutec 10 M€
  8. Optilingua International 10 M€
  9. ADT International 8 M€
  10. WHP INTERNATIONAL 7 M€
  11. HL TRAD 6 M€
  12. CPW Group 3 M€
Essayons d'analyser la situation 8 ans plus tard !

Spécialisée en ingénierie linguistique dans l'aéronautique et le secteur spatial, mais pas seulementOrtec est toujours hors série et plutôt à part vis-à-vis des acteurs pure player de la traduction.

Dont le premier est sans aucun doute le groupe Acolad (ex-Technicis, en 6e position en 2014 avec un CA de 11 M€, contre plus de 330 M€ aujourd'hui, soit un levier de croissance de x30 en 8 ans...), qui a absorbé durant cette période, sous l'impulsion de Benjamin du Fraysseix (arrivé à la direction générale de la société en 2012) : VO Paris, Cogen, Translation Probst, Arancho Doc, Soget, Livewords, HL Trad, Sémantis, AAC Global, TextMaster, Telelingua, Amplexor et, last but not least, Ubiqus (qui pesait 6 fois le poids de Technicis en 2014...) !


Ces chiffres m'interrogent : 
  • 330 M€ de CA pour 1 million de projets/an, ça nous donne une moyenne de 330€ par projet !
  • 1 million de projets pour 25000 clients, ça nous donne une moyenne de 40 projets par client !
--> Le CA moyen de chaque client est de 13200 €, soit 1100€/mois.

Quant aux 2500 collaborateurs vs. les 20000 experts linguistes, j'imagine qu'ils proviennent de l'ensemble des 14 sociétés (Technicis + les 13 acquisitions), soit près de 180 salariés/société (vs. 1430 freelances/société), je vous dis pas le nombre de doubles, triples ou quadruples emplois, voire plus...

L'intégration a encore de beaux jours devant elle !

Pour autant, Benjamin suit donc son tableau de marche à rythme soutenu et ne compte probablement pas s'arrêter là, puisqu'il déclarait en décembre 2019 :
Conformément à notre nouveau business plan, nous ambitionnons de générer un chiffre d’affaires compris entre 300 et 400 M€ d’ici 3 à 5 années. À plus long terme, l’objectif sera d’avoisiner les 600 à 800 M€ de revenus...
De quoi le positionner à terme dans le Top 5, voire dans le Top 3, des principaux fournisseurs mondiaux de services linguistiques !

Pour autant, si telle est son ambition, j'imagine qu'il devra s'attaquer aussi à des proies outre-Atlantique, du calibre de WeLocalize voire, pourquoi pas, de Lionbridge, qui me semble un peu en perte de vitesse depuis quelques années... 

Le secteur du sous-titrage et domaines connexes réserve aussi quelques surprises avec 3 groupes français totalement inconnus du grand public : Dubbing Brothers, Hiventy et EVA, qui doivent avoisiner à eux trois 200 M€ de CA.

Pour l'heure, des 12 acteurs ci-dessus, Acolad en a déjà acquis 4 (Ubiqus, Telelingua, HP Trad et CPW Group), voyons la situation des autres :

Datawords est encore mentionnée dans le Top 100 des fournisseurs linguistiques dressé par Nimdzi, mais hors classement en raison du fait qu'ils ne divulguent pas, ni ne publient ou révèlent leur CA. Toutefois, aux dernières nouvelles, le groupe a poursuivi son développement international et célébré son 20e anniversaire en juin 2020 avec un CA de 70 millions d’euros à fin 2019 (vs. 16 millions d'euros en 2014)... 

Quant à LCI - Linguistique Communication Informatique, la société qui fait concurrence à Ortec dans les secteurs aéronautique, spatial, défense, automobile et mobilité, elle a été acquise en 2018 par le groupe NOVAE, composé aujourd’hui de plus de 300 collaborateurs en France et dans le monde en réalisant un chiffre d’affaires d'environ 30 millions d’euros, dont les services linguistiques ne sont qu'une partie.

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Concernant Tradutec, fondée en 1962, qui a fini par dépoussiérer son site Web, elle dégageait un chiffre d'affaires autour de 10 M€ en 2017 (même niveau qu'en 2014), on peut donc estimer qu'elle devrait toujours se situer dans ces eaux-là. Ce que confirme le doc suivant :
(Paris, 7 Août 2020) – Le classement CSA Research 2020 place TTB et le Groupe Tradutec (13 sociétés en France et au Benelux, 10 M€ de CA) à la 17e position des entreprises de services et de technologies linguistiques d’Europe de l’Ouest. 
Or dans un autre communiqué (datant de 2019), aucun CA n'était annoncé mais « une croissance du chiffre d’affaires à 2 chiffres en 2018 », ce qui me semble plutôt exagéré vu que le groupe semble stagner à 10 M€ depuis pas mal d'années (résultat plus qu'honorable quoi qu'il en soit). 


Mais bon, aucune autre donnée financière n'étant disponible, puisque ce groupe "familial" a choisi de préserver la confidentialité de ses comptes, impossible de se faire une opinion précise. 

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Passons à Optilingua International, qui continue d'annoncer fièrement plus de 40 ans d'expérience et 80 centres en Europe. Cela dit, l'évolution de la principale société du groupe, Alphatrad, dont la moyenne du CA s'élevait à 5 268 323 € sur la période 2009-2012, atteint tout juste 5 286 133 € sur la période 2018-2020, avec un résultat en perte de plus de 410 K€ sur les exercices 2019 et 2020. Source.

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ADT International annonce un CA de 6 050 300 € sur l'année 2020, soit une baisse de près de 2 millions d'euros par rapport à 2014.

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Enfin, WHP International a un CA moyen de 3 645 287 € sur la période 2017-2019, soit une réduction de moitié par rapport à 2014 !  


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CPW Group, le petit dernier qui était déjà passé dans le giron d'HL Trad, fait désormais partie d'Acolad ! 

La boucle est bouclée.

Conclusion

Mis à part Ortec, Datawords et le groupe NOVAE, qui semblent poursuivre leur progression en mode indépendant, il ne reste plus grand chose des groupes français de 2014, totalement phagocytés par ACOLAD.

Seul Tradutec se maintient depuis dix ans au même niveau de 10 M€/an, les trois autres "Internationaux" (Optilingua, ADT et WHP) étant sensiblement en retrait.

La progression exponentielle d'Acolad n'en est que plus remarquable !